
Durant les quatre prochaines années nous allons vous apporter quelques infos se rapportant à cette période.
Aujourd’hui, nous vous invitons à écouter « Dans les tranchées de Lagny » paroles de Jean RODOR et musique de Vincent SCOTTO
»DANS LES TRANCHÉES DE LAGNY »
En 1914, des paroles de Jean RODOR et une musique de Vincent SCOTTO font de « Sous les ponts de Paris » un succès qui se prolonge jusqu’à nos jours, prouvant que le problème des sans-logis n’a toujours pas trouvé de solution et qu’il ne date pas d’aujourd’hui. Un poète-combattant anonyme a conservé la mélodie de cette valse et remplacé les paroles par l’adaptation suivante qui va connaître un succès presqu’égal à l’original.
Lagny est un village de l’Oise qui a été occupé par un régiment prussien d’uhlans. Le 19 septembre 1914, les Allemands, conquérants mais susceptibles, ont fusillé le maire, le curé et trois autres otages de Lagny, après les avoir obligés à creuser leur tombe, en représailles d’une supposée attaque de leurs positions par des civils.
En face d’une rivière
Du côté de Lagny
Près des amas de pierres
Qui restent de Lagny,
Dans la Tranchée des Peupliers
Vite on se défile en cachette
Braquant le fusil sur l’ennemi
Prêt à presser sur la gâchette.Aux abords de Lagny
Lorsque descend la nuit
Dans les boyaux on s’défile en cachette,
Car la mitraille nous fait baisser la tête.
Si parfois un obus
Fait tomber un poilu
Près du cimetière on dérobe ses débris
Aux abords de Lagny.Le jour on se repose
Après six jours de turbin,
Ce qu’on fait, c’est la même chose
On va se laver un brin.
Aux bords de Metz, c’est ça qui est bath
De regarder tous ces militaires
Se laver, se brosser, se frotter les pattes
Aux effets de la bonne eau claire.Au village de Lagny
Lorsque descend la nuit,
Après la soupe, devant quelques bouteilles,
Les Poitevins se comportent à merveille.
Allons, mon vieux cabot,
Vite encore un kilo
Afin d’nous faire oublier les ennuis
Des environs de Lagny.V’la la soupe qui s’achève,
On prépare son fourbi,
Car ce soir, c’est la relève,
On va quitter Lagny.
Des provisions et son bidon,
Voilà ce que jamais on n’oublie.
Au petit bois, je connais l’endroit
Où l’on surveille sa patrie.Aux environs de Lagny
Lorsque descend la nuit,
Comme on ne peut se payer une chambrette,
Le brave troupier se prépare une couchette
Dans un trou ténébreux
Faisant des rêves affreux,
Il se relève pour veiller à l’ennemi,
Aux environs de Lagny.Connaissant bien leurs thèmes
Marchant d’un pas hardi,
Les poilus de la cinquième (Au 69: Bibi)
S’en vont bon train, tous bons copains,
Ensemble ils ne craignent pas les boches,
Si l’ennemi tue un ami,
Ils l’emportent loin de ces rosses.Aux environs de Lagny
Lorsque descend la nuit
Le brave troupier est couché sur la terre
Dans son sommeil il oublie la misère
Si la paix venait sous peu
Comme nous serions heureux,
Plus de massacre, nous reverrions nos pays
Qui sont loin de Lagny.
ci-dessous « C’est m’sieur POINCARÉ »
« C’est m’sieur POINCARÉ ! »
de CHARLUS
Avant le déclenchement de la Grande Guerre, CHARLUS, de son vrai nom Louis, Napoléon DEFER (1860-1951), chansonnier célèbre obtenant un grand succès sur toutes les scènes où il se produit, fait de Raymond POINCARE, qui vient d’être élu Président de la République, sa cible préférée et lui dédit ces couplets traitant des sans-logis.
Pour mémoire, les personnages cités dans le pamphlet sont bien réels : Georges, Alexandre COCHON est une sorte d’Abbé PIERRE avant l’heure mais il est athée ; pour lutter contre l’expulsion des pauvres ne pouvant acquitter leur loyer, il avait créé une fanfare le « raffut de Sainte-Polycarpe » qui jouait pendant le déménagement et ses actions avaient débouché sur des relogements des sans-logis. Viennent ensuite l’écrivain Edmond ROSTANG, Paul DESCHANEL, futur Président de la République, Félix POTIN, épicier de luxe, Georges DUFAYEL, précurseur de la vente sur catalogue, Marcel BRINDEJONC DES MOULINAIS, célèbre aviateur qui sera tué en 1916 et Georges CARPENTIER, champion du monde de boxe.
Dans not´ pays maintenant, tout n´ demande qu´à marcher
Le soleil est radieux, la vie est bon marché
Les trains partent à l´heure et n´ont jamais d´ retard
Tout l´ monde peut mettre du beurre dans ses épinardsPlus d´ calvities précoces, plus de corps plutôt ronds
Plus d´ poitrines déformées, d´ ventres en accordéon
Les pauvres sans logis ne s´ font plus d´ mauvais sang
Tout le monde est heureux, c´est pas surprenant !Refrain
C´est m´sieur POINCARÉ, c´est m´sieur POINCARÉ
Qu´est le président d´ la République
Et c´est m´sieur COCHON, et c´est m´sieur COCHON
Et c´est m´sieur COCHON l´ président des sans pognonLa musique de la Garde aux Tuileries n´a jamais
En jouant la Marche Lorraine obtenu tant d´ succès
Et d´ la Saint-Polycarpe, dès qu´on entend l´ raffut
On a les larmes aux yeux tant on est émuQuand les r´traites militaires défilent le samedi soir
Le populo, en masse, les attend su´ l´ trottoir
Et la foule emballée, le cœur plein d´émotion
En suivant les soldats, chante à l´unissonAu refrain
Quand notre président aura fini son temps
Qu´il quittera l´Élysée sans r´nouveler ses sept ans
Il faudra bien trouver pour gouverner l´ pays
Quelqu´un qui soit aussi populaire que luiY a bien monsieur ROSTAND et monsieur DESCHANEL
Y a bien Félix POTIN et le grand DUFAYEL
BRINDEJONC DES MOULINAIS et l´ boxeur CARPENTIER
Mais ça n´a rien à voir, ils peuvent se gratter !C´est monsieur COCHON, c´est monsieur COCHON
Qui sera président d´ la République
Et les sans pognon, et les sans pognon
N´ coucheront plus dehors dans la mauvaise saison
ci-dessous « Sambre et Meuse »
LE RÉGIMENT DE SAMBRE ET MEUSE
Paul Cézano – Robert Planquette
En 1870, Paul CEZANO écrit les paroles et, l’année suivante, Robert PLANQUETTE arrange la musique d’une marche militaire de Joseph- François RAUSKI. Le texte glorifie les faits d’armes (Tournai, Ostende, Bruxelles, Maestricht, Aix-la-Chapelle, etc…) de l’armée de Sambre et Meuse créée par les révolutionnaires en 1793 et qui est commandée par des généraux prestigieux comme JOURDAN, KLEBER, HOCHE, LEFEBVRE, etc… Cette marche devient la marche officielle du Royal 22th Régiment du Canada et, très populaire aux USA, est jouée lors de rencontres sportives.
Lors de la guerre de 1914, on ne manque pas d’exploiter à fond les paroles patriotiques très fortes et la musique entrainante de cette chanson.
Tous ces fiers enfants de la Gaule
Allaient sans trêve et sans repos
Avec leurs fusils sur l’épaule,
Courage au cœur et sac au dos !
La gloire était leur nourriture,
Ils étaient sans pain, sans souliers,
La nuit ils couchaient à la dure
Avec leurs sacs pour oreiller.
Refrain:
Le régiment de Sambre et Meuse
Marchait toujours au cri de « Liberté ! »
Cherchant la route glorieuse
Qui l’a conduit à l’immortalité.
Pour nous battre, ils étaient cent mille
À leur tête, ils avaient des rois !
Le général, vieillard débile
Faiblit pour la première fois
Voyant certaine la défaite
Il réunit tous ces soldats
Puis il faut battre la retraite
Mais eux ne l’écoutèrent pas.
Le choc fut semblable à la foudre
Ce fut un combat de géant
Ivres de gloire, ivres de poudre
Pour mourir, ils serraient les rangs !
Le régiment par la mitraille
Était assailli de partout,
Pourtant, la vivante muraille
Impassible, restait debout.
Le nombre eut raison du courage
Un soldat restait le dernier !
Il se défendit avec rage
Mais bientôt fut fait prisonnier.
En voyant ce héros farouche
L’ennemi pleura sur son sort
Le héros prit une cartouche
Jura, puis se donna la mort !
Dernier refrain
Le régiment de Sambre et Meuse
Reçut la mort au cri de « Liberté ! »
Mais son histoire glorieuse
Lui donne le droit à l’immortalité !
Ci-dessous « Quand Madelon »
QUAND MADELON
S’il est une chanson qui incarne la Grande Guerre, c’est bien « Quand Madelon » qui passe pour avoir apporté la victoire en 1918.
Pourtant, à ses débuts, en 1913, devant un public de civils blasés et indifférents aux événements politiques, elle n’eut aucun succès. En 1914, il fallut que le chanteur comique troupier, BACH, la rajoutât à la fin d’un récital devant des soldats en permission, pour provoquer le triomphe de cette chanson de marche écrite par Louis BOUSQUET pour les paroles et Camille ROBERT pour la musique. Elle devint l’hymne des « tourlouroux », nom exotique antillais plus séduisant que celui de trouffion attribué communément au soldat, ainsi qu’une marche militaire entrainante…
Pour le repos, le plaisir du militaire Il est là-bas à deux pas de la forêt Une maison aux murs tout couverts de lierre « Aux tourlouroux », c’est le nom du cabaret La servante est jeune et gentille Légère comme un papillon Comme son vin, son œil pétille Nous l’appelons la Madelon Nous en rêvons la nuit, nous y pensons le jour, Ce n’est que Madelon, mais pour nous c’est l’amour. Refrain: Quand Madelon vient nous servir à boire Sous la tonnelle, on frôle son jupon Et chacun lui raconte une histoire Une histoire à sa façon La Madelon pour nous n’est pas sévère Quand on lui prend la taille ou le menton Elle rit, c’est tout le mal qu’elle sait faire Madelon, Madelon, Madelon ! Nous avons tous au pays une payse Qui nous attend et que l’on épousera Mais elle est loin, bien trop loin pour qu’on lui dise Ce qu’on fera quand la Classe rentrera. En comptant les jours, on soupire Et quand le temps nous semble long Tout ce qu’on ne peut pas lui dire On va le dire à Madelon. On l’embrass’ dans les coins, elle dit : « Veux-tu finir … » On s’figure que c’est l’autr’, ça nous fait bien plaisir Refrain Un caporal, en képi de fantaisie S’en fut trouver Madelon un beau matin Et, fou d’amour, lui dit qu’elle était jolie Et qu’il venait pour lui demander sa main La Madelon, pas bête en somme Lui répondit en souriant : « Et pourquoi prendrais-je un seul homme Quand j’aime tout un régiment? Tes amis vont venir, tu n’auras pas ma main J’en ai bien trop besoin pour leur verser du vin ! Refrain